• Ode de Tàhirih

     

    Ode de Tàhirih

     

     


    Ode de Tàhirih...


    (Ode écrit en Perse vers 1844 par Tahirih - l'une des 19 " Lettres du Vivant " et la première femme qui a reconnu spontanéement le Bab)
    (traduction de courtoisie en Français par Louiselle Lévesque-Beaulieu)


    Et si, une fois seulement,
    A l'aube comme à la brunante,
    Mes yeux surprenaient
    Tes traits bien-aimés ravagés de tristesse ou torturés de craintes,
    Une seule fois...
    Et le flot de mes larmes traduirait un amour
    Que ni les hommes ni les anges ne peuvent connaître.

    Et par cette solitude qui m'étreint le coeur
    A la pensée qu'on puisse nous séparer pour des éternités,
    Des larmes de sang ne cesseraient de couler
    Tel un sombre torrent creusant son lit au creux de mon âme,
    Telle la source cristalline jaillissant de sa caverne,
    Tel l'océan silencieux aux majestueuses vagues desquelles
    Chaque cours d'eau aspire naturellement.

    Mais le cours de ma vie à moi serait tout chaviré
    Et impatiente de retrouver ton visage,
    Soulevée par la grâce des vents complices,
    Projetée dans l'espace par les souffles de l'esprit,
    J'irais à ta recherche...
    Dans chaque demeure,
    A chaque porte, dans chaque pièce,
    Dans chaque ruelle et sur chaque place publique.

    Comme l'abeille filant à la ruche pour déposer son miel
    Il me tarde de goûter ta bouche parfumée d'ambre et de musc,
    D'embrasser tes lèvres odorantes qui, comme la rose éclose, 
    Exhale la myrrhe et l'encens à en tuer l'hivers !
    A en ressusciter le printemps
    Et à en faire réapparaître les vents doux du sud plus clément.

    Tes yeux de faucon royal
    Ont réduit à néant le petit oiseau frais de mon coeur...
    Et l'enfer et le paradis se sont déchirés
    En même temps que luttaient en mon âme, et la terre et le ciel.

    Qui pourrait contrôler cette chute vertigineuse ? 
    Quel genre d'ailes pourraient rendre à cet oiseau blessé
    Sa faculté d'envol ?
    Et en un tel moment, qui peut distinguer le jour de la nuit ?
    Où dire par quoi la terre et le ciel, 
    Le paradis et l'enfer se sont confondus
    Pendant que, dans un même souffle , 
    La vie et la mort m'aspiraient en leur sein ...

    Sur ton métier d'apparition fugace,
    Viens me redonner vie.
    Viens, tisse moi doucement
    Au fil ténu de la pâle lumière d'aube...
    Apporte aussi des fils d'or et d'argent
    Ainsi que des rayons de lune
    Brodés sur toile de nuit,
    Pour réparer les fibres déchirées et brisées
    Qu'un jour mon coeur, de ses doigts sanglants,
    Avait tissées sur le métier de la souffrance
    Entre le fil d'illusion et la trame douloureuse de l'amour.

    Coucherais-je des pensées grandiose et magnifiées
    Sur les pages de mon coeur,
    Exaltée par tes lèvres suaves et ta chevelure parfumée
    Que tout mon art ne saurait pénétrer
    Le voile secret de mes mots...

    Et quoique je chante des mélodies merveilleuses
    A la louange de cet Ami aimant et tant aimé,
    Ces versets ne sont pas de ma plume impuissante;
    Toutes ces perles ne sont pas de mon eau...

    Mais si tu as les yeux du coeur
    Pour lire entre les lignes,
    Tu sauras sans l'ombre d'un doute
    Qu'un amour aussi grand a, de toute éternité,
    Puisé sa sève et baigné ses racines
    Dans le coeur du Tout-Aimant !
    La source insondable du Plus-Grand-Nom !

    (Tahirih - Perse - 1844)


  • Commentaires

    2
    Dimanche 2 Avril 2017 à 09:19

    Merci pour votre passage silencieux. Très aimable blog agréable au regard. Bonjour Frisette... J'avais une chienne Bas rouge que, petite, j'avais surnommé "Frisette". Je ne sais pas comment elle a fini ses jours parce que mes parents se sont séparés et je suis allée en pension.

    Bonne journée de dimanche ! Cordialement, Ghislaine

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